https://www.miracles-eucharistiques.be/

Bruxelles, 1370

Histoire du Très-Saint-Sacrement de Miracle

Véronique Hargot

La tradition et les récits de l’époque, illustrés sur les vitraux de la cathédrale des Saints-Michel et Gudule à Bruxelles, rapportent qu’en 1369, un commerçant juif, pressa un de ses coreligionnaires de lui fournir des Hosties consacrées en échange d’une somme d’argent. Celui-ci s’acquitta de cette mission en dérobant 16 Hosties consacrées (15 petites et une grande) dans le tabernacle de la chapelle Sainte-Catherine. Cette ancienne petite chapelle, berceau de l’église actuelle, était adossée de l’intérieur au premier rempart de Bruxelles, à l’époque en construction, dans une zone encore peu peuplée.

Les hosties consacrées seront profanées un Vendredi Saint, 12 avril 1370, à coup de couteaux. Il en sortit des « gouttes de sang » ou « un long filet de sang » ou « du sang en abondance » ou « comme des gouttes de sang », selon les récits, sous le regard stupéfait des profanateurs qui chargèrent une juive convertie au christianisme de s’en débarrasser.

Après avoir accepté dans un premier temps cette mission, celle-ci se ravise, et décide de les porter à son confesseur, le curé de Notre-Dame de la Chapelle. D’autres autorités ecclésiastiques puis politiques viennent rapidement découvrir le dépôt ensanglanté et entendre le témoignage de celle à qui il fut confié.

Les profanateurs présumés finissent par avouer leur acte au cours d’un procès civil, dont l’impartialité est contestée par certains mais validée par d’autres, compte tenu des règles juridiques en vigueur alors. Le châtiment infligé à tout profanateur (quelle que soit sa religion) était impitoyable : le bûcher.

Neuf Hosties seront emmenées en procession à la collégiale Sainte-Gudule (cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule depuis 1962), leur caractère miraculeux étant d’emblée attesté par les témoins oculaires du dépôt du ciboire, célébré avec ferveur par le peuple et authentifié par l’Eglise dès 1402, après les enquêtes de rigueur.

Trois d’entre elles, seront vénérées pendant plus de cinq siècles dans les rues de Bruxelles (deux fois par an) et dans une chapelle construite à cet effet dans la collégiale Sainte-Gudule et furent sources de nombreuses grâces. Elles se sont conservées quasi intactes pendant près de 400 ans, avant de s’effriter progressivement jusqu’à l’état de « poussières » (eucharistiques) tel que le décrivit la dernière inspection (2018) alors que « ce qui restait » était abandonné dans un reliquaire déposé dans une vitrine de ce qui devint le musée de la cathédrale.

Depuis la révolution française, les « esprits des lumières » n’ont eu de cesse de discréditer ce miracle et d’empêcher sa dévotion. Tout comme nos frères aînés juifs, pour qui ce récit n'est qu'une légende antisémite médiévale qui ravive des pages douloureuses de leur histoire. Une plaque écrite en 1977, ( p 161 livre VH), évoquait déjà les réserves des autorités diocésaines post-conciliaires par rapport à ce "miracle" . Celles-ci continuent de déplorer "le caractère antisémite attaché au récit du 'miracle' eucharistique " (dans le passé? ), alors que ceux qui en font la mémoire aujourd'hui ne stigmatisent nullement leurs frères ainés juifs mais se laissent interpeler en tant que catholiques par ce miracle authentifié civilement et canoniquement. Les autorités diocésaines ont mis brutalement fin à la vénération du reliquaire en juin 2024, en retirant la lunule de l’ostensoir « afin de décourager toute initiative de piété à cet endroit ». Nous respectons pleinement leur décision de ne pas encourager cette vénération. Nous nous limiterons à en faire mémoire et à espérer la réactivation du culte eucharistique à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule ainsi qu'un dialogue apaisé avec nos frères aînés juifs autour de documents factuels.  Non pour blesser qui que ce soit mais pour "consoler l'Amour blessé". 

 


De nombreux récits attestent des grâces et miracles dont ces Hosties, devenues reliques, gratifièrent ceux qui les priaient avec ferveur. Elles seront transportées en procession deux fois par an dans les rues de Bruxelles, en passant par l’église Sainte-Catherine où elles avaient été dérobées. Leur dévotion et les processions durèrent jusque dans les années 1960.

Mais que sont devenues les autres Hosties du miracle ? cinq manquent à l’appel. Un article rédigé par un Bollandiste en 1869 *nous donne une piste : elles auraient été dérobées par un fabricien de l’époque pour être vénérées dans sa famille. C’est ce qu’atteste indirectement le témoignage d’une dame belgo-française, qui en 1728, vint confier à sa sœur qui habitait Paris une boîte de corne transparente renfermant des Hosties percées et « teintes de sang » qui était en sa possession et qui venaient de la collégiale : le cardinal d’Alsace, Primat de Malines, fut averti de cette affaire. Il fit venir la boîte, et chargea en 1734 le Père Hoynck Van Papendrecht, archiprêtre de Malines d’enquêter au niveau d’un vol d’Hosties à la collégiale Sainte-Gudule. Ne trouvant aucun indice de ce vol, il les déposa dans une boîte recouverte d’une étiquette où est retranscrit ce message : « Dans cette boîte sont des Hosties teintes prétendues miraculeuses. Après des informations prises, on n’a rien pu découvrir. On les met ici pour les laisser consommer, en cas qu’elles fussent consacrées. Fait à Malines, le 29 décembre 1734 ». Signé C.P. Hoynck Van Papendrecht, archip.

La boîte en question fut retrouvée à Malines en juillet 2022 par un archiviste mais sans la boîte de corne ni les « Hosties teintes, prétendues miraculeuses ».

Le fond de la boite est tacheté de traces rosées de la taille des lunules de l’ostensoir des trois hosties vénérées à la collégiale-cathédrale de Bruxelles. Les autorités ecclésiastiques actuelles du diocèse ont cru bon de « décider définitivement » de ne pas donner suite à nos requêtes pour une analyse scientifique.

Quant à la synagogue, lieu de la profanation et du miracle, rue des Sols (parallèle au Mont des Arts), devenue Chapelle expiatoire, elle devint le siège de l’Association de l’Adoration Perpétuelle du Très­ Saint-Sacrement (qui deviendra plus tard la congrégation des Religieuses de l’Adoration Perpétuelle, puis Sœurs de l’Eucharistie) et de l’Œuvre des Églises Pauvres dont le rayonnement sera mondial. La chapelle démolie au 20ème siècle, fut reconstruite à l’identique au cœur des Institutions européennes et devint la Chapelle de la Résurrection actuelle, aux pieds du bâtiment emblématique de l’Europe : le Berlaymont.

Que la mémoire du miracle eucharistique de Bruxelles soit donnée à tous pour accueillir la miséricorde de Dieu dont le Précieux Sang est le signe.

Véronique Hargot

 

Le reliquaire retiré de l’ostensoir
en juin 2024

La boîte de 1734 retrouvée à Malines
en 2022

« Mon fils, je suis oublié ici de presque tous les hommes. Sache cependant que je veux être honoré dans ce lieu, et que tous ceux qui m’invoqueront ici dans leur détresse, trouveront et secours et consolation. »

— Paroles émanant du tabernacle de la cathédrale où reposaient les Hosties miraculeuses, telles que les a entendues en 1436 et rapportées le jeune artisan qui venait les adorer quotidiennement.

* Bibl. : A.B.C., Dépôt mystérieux d’hosties au Refuge des Ursulines, à Bruxelles, dans TERWECOREN ( Ed., de la Compagnie de Jésus), Collection de précis historiques. Mélanges littéraires et scientifiques, 1869, XVIIIe année, Bruxelles-Paris, p.285 à 296.

Lien sur internet :

Collection de précis historiques, littéraires, scientifiques - Edouard Terwecoren (S.J) - Google Livres (pages 285 à 296)


Miracles eucharistiques à Bruxelles (1370-2024)

Deuxième édition en ligne du livre de Véronique Hargot (juin 2024) – « Miracles eucharistiques à Bruxelles (1370-2025…) »

Pour l’édition papier, nous contacter à desacralisations.stop@gmail.com

SUR DEMANDE :

Visites guidées pédestres, depuis la chapelle Sainte-Catherine où les 16 Hosties consacrées ont été volées en 1369 jusqu’à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule dont les 20 vitraux géants racontent le récit et où elles ont été vénérées pendant 6 siècles, en passant par la rue des Sols où eut lieu la profanation et le miracle.

desacralisations.stop@gmail.com

Tél : 0478 31 33 45

Souvenir des processions du Très Saint Sacrement de Miracle à Bruxelles en 1929 !

Ça c'est Bruxelles (1927) - YouTube

Voyez de 5,10 à 5,20 min !


Planche du miracle eucharistique de Bruxelles,
tel que présenté et raconté sur le site de saint Carlo Acutis concernant les principaux miracles eucharistiques reconnus dans le monde,